Imaginez-vous immergés dans les récits palpitants de vie de retraités, que nous avons eu le plaisir de connaître. Leur quotidien, plus rythmé par des combats acharnés pour joindre les deux bouts, que par le doux farniente qu’on associe souvent à la retraite. Eh oui, pour beaucoup, la vie de retraité, loin des clichés, c’est plutôt l’angoisse de la fin du mois sur fond de pensions retraite indigentes. Maintenant, placez-vous à leur place, voyez-vous vivre sur une pension mensuelle de 200 euros? C’est le lot de plus d’uns parmi ces aînés, pourtant d’une dignité à toute épreuve dans ce pays où ils ont tant donné.
Prenons le cas de ce brave Christian, un éleveur de moutons qui a passé sa vie à border ses bêtes de leurs belles laines frisées. Le voilà, du haut de ses 70 printemps, avec pour toute pitance une pension mensuelle de 892 euros. Quand les dépenses courantes sont réglées, c’est là le parcours du combattant. Comment rassasier le quotidien avec une cagnotte de 200 euros à peine plus épaisse que du papier à cigarette, dédiée aux dépenses du quotidien, aux courses, sans oublier le précieux carburant? Malgré un travail acharné pour assurer ses vieux jours, Christian se retrouve le bec dans l’eau, emmêlé dans une toile de surendettement et ses fichues factures d’énergie à solder.
Et que dire de notre amie Elyane, ex-employée de banque qui, avec une pension toute menue de 740 euros, est logée à la même enseigne. Son truc à elle, chaque mois: tamponner un coup de carte au distributeur, et diviser la somme en enveloppes pour serrer de près ses coûteuses dépenses hebdomadaires. Les hausses des prix des produits alimentaires l’ont poussée à faire appel à la solidarité fraternelle des Restos du cœur.
Survie vs qualité de vie
Las, que des histoires à donner le frisson jusqu’aux moelles. Dominique, par exemple, a cotisé pendant des années et des années. Malheureusement, quelques petits boulots non déclarés lui ont vissé une retraite de misère de 150 euros à peine. Et Chantal alors, cette brave femme invalide de catégorie 2 qui peine avec sa pension d’environ 700 euros par mois? Eh ben, elle vit à contrecœur son calvaire mensuel pour boucler les fins de mois avec les charges liées à son logement et ses assurances. Ce quotidien kafkaïen a engendré chez elles, tout comme chez d’autres retraités, des sentiments de frustration, d’abattement et de démolition.
Venez, on creuse encore, dans ce tourbillon d’histoires qui témoignent de la dure réalité des retraités de notre douce France. De ces vies, à chaque tour, on tire des leçons de résilience, de combat face à l’indigence des pensions. Ces situations périlleuses d’une part, et les stratégies d’adaptation d’autre part, dessine un tableau amer qui agite leur qualité de vie. Les voilà sous l’emprise de l’enfermement dans une interaction sociale qui les rend dépendants des autres. C’est là un schéma tant redouté qui s’accompagne d’un sentiment d’impuissance profondément enraciné.